Mon P'tit Compte Rendu e-SFAR 2021
Episode 2/4 : optimisation hémodynamique, remplissage libéral ou restrictif, courbe de Bellamy et match Phenylephrine vs Norepinephrine
Mon P'tit Compte Rendu : eSFAR2021 2/4
Publié le 19 Avril 2021 - Ludovic MEURET (IADE-CHU Rennes)
Vous avez manqué l'e-SFAR 2021 ? Rien n'est perdu ... Il y a Mon P'tit Compte Rendu !
La semaine dernière, l'épisode 1/4 traitait d'analgésie péri-opératoire et de personnalisation de la prise en charge anesthésique.
Aujourd'hui, dans l'épisode 2/4, place à l'optimisation hémodynamique : remplissage libéral ou restrictif, courbe de Bellamy, monitorage et match Phenylephrine vs Norepinephrine.
Bonne lecture et rendez-vous lundi 26 Avril pour l'épisode 3/4.
Remplissage vasculaire en chirurgie viscérale : restrictif pour tous ?
Orateur "Pour" : Matthieu BIAIS – MAR CHU Bordeaux
Orateur "Contre" : Etienne GAYAT – MAR APHP Lariboisière
Sujet présenté sous forme de controverse Pour/Contre.
Arguments possibles pour un remplissage libéral :
- Compensation du jeune préopératoire ? Un jeune de 8h n’entraînerait pas d’hypovolémie1
- Traiter ou prévenir l’hypotension ? si hypovolémie avérée, oui, mais il faut savoir que les vasopresseurs n’ont pas d’effet délétère sur circulation périphérique (et donc l’oxygénation tissulaire périphérique)
- Si le patient présente une oligurie, une tachycardie ou des marbrures ? Remplissage efficace seulement dans 50% des cas.
- L’hypervolémie est-elle délétère ?
- Lésions de la paroi vasculaire (glycocalyx) => œdèmes
- Peut aussi entraîner Insuffisance rénale, par congestion veineuse si contexte septique
- Délai augmenté de reprise de transit
- Lâchage d’anastomose
- ...
Etudes comparant remplissage libéral vs restrictif :
- Des méta analyses montrent que globalement, la stratégie libérale est responsable d’une augmentation des complications postopératoires
- Pourtant, les résultats des études sont parfois contradictoires : probablement lié à l’absence de définition précise et chiffrée de ce qu’est une stratégie libérale
Ce qu'il faut retenir :
- Eviter les apports inutiles tels que : compensation du jeune, apports fixes, réponse systématique à une hypotension, oligurie, marbrures
- Bien connaître les conséquences majeures de l’hypervolémie
- Avoir une approche personnalisée : optimisation hémodynamique
- Monitorage (pour mesurer et non parier) : DeltaPP, VES, IC, PAM
- Stratégie et objectifs de volémie et de pression pour viser la normovolémie (cf courbe de Bellamy2 ci-dessous)
Pour aller plus loin :
- Muller et al. Preoperative fasting does not affect haemodynamic status: a prospective, non-inferiority, echocardiography study. Br J Anaesth. 2014 May;112(5):835-41. doi: 10.1093/bja/aet478. Epub 2014 Feb 3. PMID: 24496782.
- Bellamy MC. Wet, dry or something else? Br J Anaesth. 2006 Dec;97(6):755-7. doi: 10.1093/bja/ael290. PMID: 17098724.
Existe-t-il encore une place pour la phényléphrine au bloc opératoire ?
Orateur "Pour" : Emannuel FUTIER – MAR CHU Clermont-Ferrand
Orateur "Contre" : Jean-Luc FELLAHI – MAR CHU Lyon
Sujet présenté sous forme de controverse Pour/Contre.
Pour :
- L’hypotension au bloc (<60 à 70mmHg pendant + de 5mn) augmente la morbi-mortalité : intérêt de la phényléphrine par sa rapidité de mise en œuvre (seringue pré-remplie)
- Son utilisation n’entraîne pas de diminution du DC si patient précharge indépendant
Contre :
- Son utilisation peut entraîner une diminution du DC, par augmentation des résistances au retour veineux, si le patient est précharge dépendant
- Diminution de l’oxygénation tissulaire périphérique
- Peut entraîner une bradycardie (effet alpha)
- Effet immunitaire défavorable ?
- Une alternative existe : la noradrénaline est très efficace et ne diminue pas le DC
Ce qu'il faut retenir :
- Les orateurs préconisent l’utilisation des moyens de monitorage hémodynamique (invasifs ou non invasifs) au bloc (évaluation du DC).
- La Noradrénaline faible concentration constitue probablement une meilleure alternative à la phényléphrine.
- Attention cependant aux modalités d’utilisation de la Noradrénaline :
- Pas de dilution précise préconisée (5, 8, 10 ou 16 µg/ml), mais nécessité d’un protocole de dilution commun à l’ensemble des équipes.
- Utilisation d’une voie dédiée, ou au moins un dispositif multi-lumières comme les Octopus.
- Nécessité d’une surveillance scopée
Pour aller plus loin :
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